Une histoire de Navette

Date
16 avril 2013

Durée
4h

Type de sortie
Canyon - Stage
Département
Etranger (E)

Massif


Commune
Sa Calobra

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Navette [na.vet] féminin
- engin spatial contenant des gastronautes un peu dans la lune.
- femelle du navet.
- (faire une ...) action qui consiste à laisser une voiture sur un parking à un endroit A, prendre une autre voiture pour se rendre à quelques kilomètres de là à un endroit B, faire un canyon (ou toute autre activité), arriver tant bien que mal à la première voiture à l'endroit A, ouvrir la voiture avec les clefs que l'on a sur soi (ou cachées dans un coin connu de tous), aller avec cette voiture chercher l'autre voiture à l'endroit B pour revenir (à deux voitures) à l'endroit A pour récupérer tout le monde et enfin retourner au gîte pile poil pour l'apéro.

Choisissez votre définition, moi je vais vous raconter comment il arrive que la troisième ne soit pas totalement juste.

Ce matin, les sacs de canyons sont beaucoup moins lourds que d'habitude. Une bonne raison à cela : l'absence de combinaison néoprène encore gorgée d’eau tassée au fond ! Pas que l'eau dans laquelle nous aurons à nous baigner soit à ce point chaude que la néoprène soit inutile, mais tout simplement il n'y aura pas d'eau du tout : c'est un canyon sec qui est au programme. Enfin, presque sec, car une vasque - au nom accrocheur - nous attend à la presque fin, mais il en sera question plus tard.

Les trois groupes d'initiateurs en devenir se tassent dans les voitures (3 en tout, notez bien ce nombre). En route vers le canyon de Dinners, canyon sec donc, mais joli quand même, et qui sera le théâtre de la révision et du peaufinage de nos techniques canyonesques avant les deux jours d'évaluation pédagogique.

Arrivée groupée sur le parking de départ (susnommé endroit B). Les premiers chargent déjà leurs sacs sur le dos pour partir à l'assaut des 45 minutes de marche d'approche au flan de la montagne, avec vue sur la mer. Le dernier groupe à partir sera en charge de disposer les voitures pour la navette, c'est à dire de déposer deux voitures sur le parking du bas (susnommé endroit A) et bien évidemment de remonter avec une voiture pour pouvoir eux aussi descendre le canyon en effectuant la marche d'approche depuis l'endroit susnommé endroit B.

Les consignes sont échangées : telle clef de telle voiture à cacher à tel endroit, gardée dans tel bidon (qui en l'absence d'eau n'a pas à être totalement étanche, pour une fois), rangée dans telle boite à gant... quelle voiture doit rester en bas (endroit A) ou remonter (endroit B). Une fois les messages passés, les deux premiers groupes se lancent dans la lande à quelques minutes d'écart pendant que trois des membres du troisième groupe montent dans les voitures pour les disposer où il faut (en A ou B, au choix).

Il y a bien 13 kilomètres de navette, avec une route tortueuse et plus de 600 mètres de dénivelé à faire dans un sens, puis dans l'autre, l'attente est donc un peu longuette, mais au soleil, ce qui compense tout (bien que les moutons locaux fassent des vocalises bien sonores, et surtout bien ridicules, empêchant toute sieste improvisée).

Nos voituriers finissent par revenir, et nous nous mettons en chemin. Nous sommes un peu surpris d'arriver quasi en même temps que les deux premiers groupes au point de départ du canyon. Ils ont loupé le premier talweg, se fiant à la mention du temps de trajet avant de chercher la bifurcation, donc la cherchant trop loin, car marchant plus vite que la référence du topoguide.

À nouveau, attente que les deux groupes s'engagent dans la première verticale du canyon, mais le soleil est toujours là et Benoît nous fait une démonstration de déviation largable sous le contrôle de Michel pour passer le temps.

À notre tour de descendre. La première partie du canyon est sympathique, peu verticale (à part quelques ressauts), et il faut marcher, louvoyer entre les petits blocs et désescalader plutôt que tirer des rappels. Mais il est agréable de progresser sous le soleil, on en vient presque à regretter de ne pas avoir pris les lunettes de soleil. Une partie plane en vient même à devenir longuette quand l'encaissement final se profile à l'horizon, à nous les rappels et les verticales !

Michel nous fait bosser : rappel guidé débrayable, dégagement d'urgence, main courante, remontée en réchap sur corde à double..., Cédric joue la déviation humaine, Benoît découvre le balancier espagnol... le tout dans un paysage qui manque un peu d'eau (forcément, c'est sec) mais qui est joli et agréablement frais.

Arrive la vasque fatidique. Son doux nom est flatteur pour celui qui va s'y immerger (à savoir Benoît, qui a pris soin de prendre son bas de combi) : la fosse septique. Il s'agit "tout simplement" d'une vasque qui ne se vide pas, et donc où l'eau à tendance à stagner avec l'ensemble des conséquences qui s'en suivent... Mais en début de saison, les diverses proliférations n'ont pas encore eu lieu et ça reste praticable. Une bonne l'occasion d'installer un rappel guidé pour que les petits camarades sans combinaison passent sans se mouiller.

S'enchaîne une C37 avec un relai au milieu, pratique pour tester la descente à double auto-assurée au valdôtain, qui laisse les mains libres pour chercher le frac, sans avoir besoin de faire de clef d'arrêt.

Le canyon se termine peu après sur un dernier ressaut de 20 mètres.

C'est parti pour les 30 minutes de marche de retour tel qu'indiqué sur la topo. En fait, il faut compter une heure de "marche" pénible dans les caca-blocs : désescalades, sauts de rochers en rochers... bon travail de gainage du corps, mais tout le monde en a assez du caca-bloc et redoute l'entorse sur bloc trop mobile ou glissant.

Toute chose ayant une fin, nous finissons enfin par atteindre le parking du bas (susnommé endroit A) où une partie de nos collègues nous attend, comment dirais-je : ... impatiemment !!!

C'est Ă  ce moment que pour nous le terme navette prend toute son importance...

Donc, les clefs de la voiture du haut sont bien là, en bas, alors que les clefs de la voiture du bas sont dans la boîte à gants de la voiture du haut. Jusque là, tout va bien, sauf que la troisième voiture (vous vous souvenez, il y avait trois voitures) est déjà repartie en direction du gîte, car, n'est ce pas, il avait été dit que... enfin, si, à un moment donné, quelqu'un avait bien dit qu'il fallait faire comme ça, ou peut être autrement et la consigne était claire comme de l’eau de roche ! [NDLR : autre nom du pétrole].

Nous voilà au bord d'une route, où doivent passer 2 à 3 voitures par jour à cette saison (voitures qui sont déjà passées, donc ne reviendront pas avant le lendemain, en tout cas on n'en verra pas une seule durant les longues heures d’attente), avec une voiture fermée à clef, 13 kilometres de montée pour aller chercher les clefs qui sont dans la voiture du haut dont chacune des deux équipes présentes en bas a un double.... (que chacun retrouve dans cette description les endroits susnommés A ou B, moi je suis paumé).

Heureusement, en nos temps modernes, l'un d'entre nous a son téléphone portable, avec les bons numéros enregistrés dedans (et qui n’a pas pris l’eau). Des messages sont laissés sur répondeur (forcément, ça capte pas bien au gîte) et enfin, on arrive à communiquer directement et comprendre que l'on va venir nous chercher (dans une heure, le temps de faire le trajet depuis le gîte) et faire la navette, l’échange de clefs et tout ce qui va avec.

Pendant ce temps, bien loin de Veracruz, la nuit commence à tomber, ainsi que la température. La route a chauffé au soleil toute la journée, une partie de nous se couche dessus pour être en contact avec l'asphalte agréablement chaud, tandis que Francis fait la tortue avec sa couverture de survie, et insérera même quelques bougies en dessous pour se faire son petit point chaud alors que la voiture tant attendue arrive enfin.

Tout est bien qui finit bien, et la description rentre à nouveau dans la définition citée au début : retourner à temps au gîte pile poil pour l'apéro. Il faut dire que nos camarades ont gentiment prolongé l'apéro, ne voulant pas commencer à manger sans nous, l'apéro est donc toujours en cours quand nous arrivons. C'est avec les acclamations soutenues de joyeux lurons apérotant depuis 18h au moins que nous sommes accueillis à notre arrivée... vers les 23h !

Apéro, repas et direction le lit... ce n'est pas encore ce soir que nous présenterons nos parties théoriques.

Sylvain

Participants

Cindy C. , Sylvain C.

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