Initiation à l'igue du Père Noël

Date
11 décembre 2010

Durée
7h

Type de sortie
Initiation
Département
Lot (46)

Massif
Causses du Quercy

Commune
Promilhanes

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
L'igue du Père Noël... pourquoi un tel nom? parce qu'elle a été découverte un 24 décembre pardi! Mais ce qui va suivre est loin d'être un conte de Noël pour les enfants... combien de grains de riz dévorés sans appétit? de canettes de bière sauvagement écrasées? et l'odeur méphitique du Saint-Marcellin, dont l'évocation ne peut que susciter la terreur?

Exit la capitale. Après avoir supporté pendant de longues heures le défilement hypnotique de l'autoroute, nous posons enfin nos sacs vers 2h du matin. Une bière pour fêter l'issue d'un voyage sans incidents, et au lit.
Un réveil aux aurores pour un copieux petit déjeuner (11h30 du matin...), et le temps de se mettre en route, nous partons sur site vers 14h.
Une succession de chemins forestiers bosniaques nous mène à destination.

Marche d'approche : 1 minute. Au fond d'une dépression, une buse bétonnée : c'est l'entrée de la cavité. Faute de stabilité du terrain, le début du puits est consolidé par du ferraillage et de la tôle. La corde de descente est équipée sur un amarrage naturel et une barre métallique qui chevauche l'entrée.
A avoir voulu faire le malin en emportant un appareil photo, charge à moi de porter un sherpa qui ressemble plus à une valise de touriste qu'à un kit spéléo. Flashes et petit matériel photo dans un bidon, reflex dans une valise blindée.
Début de progression au descendeur, le boyau étant assez irrégulier, le kit se prend partout où il peut d'autant plus qu'il est rigide et bougrement large. Au début je fais attention aux chocs et laisse échapper mon quota de jurons... peine perdue, autant essayer d'arrêter un train en marche. Arrivé au bas du boyau, Gaëtan me fait remarquer à juste titre que j'arrive comme une coulée fécale : aucune allure, en vrac avec le kit entre les jambes... j'assume.
Après une courte descente sur éboulis, le méandre. Nous partons en avant avec Yannick pour équiper la cavité pendant que les autres descendent. Le méandre est large et n'impose pas de progression en opposition. C'est dans un paysage désormais coutumier que nous évoluons : roche comme taillée au couteau par les eaux tumultueuses, parois modelées par les coups de gouge.
Alors que Yannick termine d'équiper le P8, le reste de la troupe nous rejoint.
Descente du P8, jouxté par une chute d'eau. J'épargne au lecteur le récit de mon passage de fractionnement (descente trop rapide de la boucle de fractio, j'arrive en bas de la boucle, conversion puis enfin descente...)

Pause déjeuner (à 18h... le décalage horaire est rude dans le Lot) dans une salle joliment concrétionnée, la plus grande du réseau. Les orgues de stalactites rendent un son de cloches tubulaires. Stupéfaction collective sur la quantité de salade de riz proposée et les parts de fromage plus que généreuses : 2 bidons de 6 litres remplis à ras-bord d'aliments... pour 6 personnes. A nos remarques, l'intéressé nous répondra non sans malice : "j'avais faim quand j'ai fait les courses".
Passons donc les détails sur notre bacchanale souterraine dont le récit pourrait heurter la sensibilité des plus jeunes.
A l'issue de ladite bacchanale, la troupe se scinde en deux équipes : celle qui prend des photos, et celle qui en a marre d'attendre la première... Arrêt photo donc avec Hugo et Gaëtan dont le flash surpuissant pourrait éclairer toute la salle de la Verna.
Les deux équipes se rejoignent finalement sur la descente d'une marmite qu'il faut équiper. La rivière cascade dans plusieurs vasques dont on peut facilement barrer l'écoulement, et ainsi permettre à la petite cascade terminale de jaillir par intermittence : ce petit jeu occupera l'attente pendant l'équipement de la descente...
L'extrémité de la cavité est proche. Ramping dans la boue, et arrivée en bout de rivière.
A la surface du siphon, un batracien qui semble plutôt perdu... C'est pas censé hiberner à cette saison ces bestioles?
Nos dudules peinent à fournir une lumière suffisante. Essoufflement non rationnel à la sortie de la zone, qui semblait gazée. Seuls Hugo et moi-même avons ressenti les effets de la (légère) hypoxie.

Remontée du P8 avec un kit qui se balade, tourne avec la corde... je peste mais ça grimpe. A la sortie du puits, Gaëtan joue à arrêter le flot de la cascade par alternance suivant la méthode éprouvée plus haut... Un peu plus loin Seb Gui et Hugo, sont confortablement installés, un sourire narquois aux lèvres. Seb est à demi allongé sur l'argile comme dans un fauteuil confortable : ambiance cosy façon salon anglais, ne manquent que le cigare, le verre de xérès et un feu de bois. Hugo se tient bien droit sur un siège naturel, avec l'expression de conquérant du barbare qui foule de ses sandales les trônes des rois.
- alors t'as galéré?
- bah la montée nan
- allez avoue! on a tous complètement merdé sur le fractio
- ah vu comme ça, confidence pour confidence, c'était pas très glorieux
(aaah ce fichu croll qui refuse de s'ouvrir entre les doigts épais des débutants...)
Soulagés par cette confession collective de nos péchés spéléologiques (le passage de fractio nous prend plus de temps que remonter le puits!), sur la suggestion de Gaëtan, nous poursuivons notre chemin vers la sortie avec Yannick. Sébastien Garric déséquipera.
Retour sans histoires... nous ratons tout de même la sortie pour nous engager dans un cul de sac.
Le puits d'entrée étant constitué de buses de béton suffisamment étroites, on peut monter en opposition, assurés par croll/poignée : la technique d'extraction est à la discrétion de chacun.
Sortie sous un beau ciel étoilé et par une température assez clémente. Après une journée sous terre, se retrouver la tête dans les étoiles... que demander de plus? Une bière! me chuchote-on dans l'assemblée. On y arrive.
Les clés des voitures sont cachées sous une pierre d'un muret en ruine... mais quelle pierre? ça semblait tellement simple sous le soleil...

Un tunnel spatio-temporel nous conduit au gite, où les échos d'une rave-party lointaine confèrent un aspect surréaliste à notre arrivée.
Re-bacchanales : bière/ratafia/vin/charcut/crêpes et autres bons aliments de l'effort... (merci de ne pas balancer à mon médecin)

Le lendemain, lever aux aurores (hum... comme la veille), journée passée à table et à nettoyer le matériel avec une méthode nouvelle pour nous autres débutants habitués à l'eau vive : cordes lavées dans une poubelle, harnais brossés dans une brouette et combis passées au karcher... Bande blanche de l'autoroute. Retour à la capitale, extraction des affaires humides dans la baignoire et au lit.

Un grand merci aux parents de Sébastien pour avoir hébergé des spéléos bruyants, malodorants et boueux (sans compter leur excellent poulet fermier aux coulemelles!). Merci aussi à nos aînés qui après des années d'expérience descendent encore dans des petites cavités d'initiation pour encadrer les humbles débutants que nous sommes...

Samuel

Participants

Yannick A. , Sébastien G. , Sébastien G. , Samuel L. , Gaëtan P. , Hugo S.

Commentaires

Commentaire posté par Hugo le 24/12/2010
Je ne sais pas pourquoi les photos n'apparaissent pas en vignettes, mais si vous cliquez dessus pour les agrandir ca marche...
Quelqu'un aurait-il une idée sur le problème?

Commentaire posté par Seb GA le 22/12/2010
c'est clair Samuel, tu es déclaré auteur de l'ensemble des futurs compte rendus !! la classe internationale. La prochaine fois, je prends les cigares !

Commentaire posté par Gaëtan le 19/12/2010
Petite précision sur le levé du dimanche. Il fut beaucoup moins tardif pour moi et même carrément exceptionnel : 8h30 ! Oui, oui, vous avez bien lu : huit heure trente minutes ! Ceci pour cause d'AG du TRIAS (mon club d'attaché dans le Lot) à Thémines. AG qui commencera avec plus d'1h de retard. Grrrr

Commentaire posté par Hugo le 16/12/2010
Samuel arrête l'informatique et met toi à la l'écriture!! Ce texte est parfait, rien à dire, à cause de toi j'ai pas arrêté de pouffer de rire en le lisant (sous les yeux de ma collègue d'en face qui ne comprenait pas...).
C'était vraiment une chouette sortie, vraiment parfaite pour une initiation.